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© T. Montford
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L'écologie et la biologie du tapir en font une espèce d'intérêt majeur pour les programmes de conservation. Le tapir est tout d'abord une espèce-clé: c'est un disséminateur et un prédateur de graines. La raréfaction du tapir a des conséquences sur la diversité et la structure des forêts. Il a aussi une forte valeur charismatique et tient une place importante dans les traditions et il est une ressource protéique majeure pour plusieurs populations locales. Enfin, il ne peut pas supporter une pression de chasse importante du fait de sa lent reproduction. Il peut ainsi servir de modèle pour une gestion durable des espèces chassées les plus sensibles.
Le tapir est encore largement distribué en Guyane. Il est cependant très chassé, ce qui constitue, comme ailleurs en Amérique du sud, sa principale menace. Entre 2001 à 2003, des tableaux de chasse ont été évalués dans 4 sites du nord de la Guyane. Sur 3 de ces sites, chassés à la fois pour des besoins de subsistance et par des chasseurs revendant la viande, les prélèvements dépassaient les seuils maximaux recommandés et n'étaient de ce fait pas durables.


© G. Feuillet
Objectifs

Le programme mis en place depuis 3 ans comprend trois volets principaux. Tout d'abord, la capacité d'évaluer correctement l'état des populations est un préalable à la mise en place de plan de gestion de l'espèce. Or l'évalaution de l'abondance est difficile avec le tapir, du fait de ses densités naturellement faibles Les premiers comptages laissent présager d'outils intéressants de suivi des populations en utilisant le nombre de traces le long des cours d'eau. En second point, l’identification des facteurs du milieu (types de forêt, proximité de route, de pistes) qui conditionnent la présence et l'abondance de l'espèce est fondamentale pour la connaissance de ses exigences et de sa sensibilité aux perturbations. Troisièmement, l’utilisation de la biologie moléculaire permet d’aborder des questions ne pouvant l’être par des approches écologiques classiques. La diversité génétique renseigne sur le statut des populations; l'étude des flux de gènes d'une population à une autre renseigne sur l'isolement des populations. Enfin, des tests de croissance de populations donnent des informations sur leur dynamique.



Mise en place


Inventaires à partir des traces
Les sites sur lesquels sont effectuées plusieurs missions par an étaient en 2007 la rivière Ekini, une zone non chassée, la rivière Sinnamary sur laquelle la pression de chasse est faible, et la rivière Iracoubo, fortement chassée. Ces inventaires complètent ceux déjà effectués les années précédentes: rivières Tampok et Orapu (chassées) et rivières Inipi et Arataï (non chassées).


Relations entre la qualité des habitats et les populations de tapirs
Dans une zone d'étude bien identifiée, sur le nord de la Guyane, une approche conjointe de télédétection et de Système d'Information Géographique permet de qualifier globalement l'état d'intégrité de l'habitat : fraction de couvert forestier intact, présence de pistes, présence d'autres accès potentiels, continuité avec les autres massifs forestiers. Sur un large nombre de quadrats, la présence ou l'absence de tapirs est définie par la recherche d'indices: ces informations sont croisées ensemble, ce qui permet d'identifier les facteurs régissant la présence et l'absence de l'espèce.


L'étude génétique
Elle se fait à partir de partir d'échantillons de peau récupérés auprès de chasseurs. Des collaborations sont mises en place avec l'Equateur et la Colombie afin d'obtenir des informations comparatives. Tout le travail de laboratoire et d'analyse se fait avec le partenariat de l'Institut Pasteur de la Guyane.



Les résultats attendus

L'évaluation des besoins écologiques de l'espèce devrait permettre de compléter les travaux sur d'autres groupes d'espèces sensibles (les singes notamment) et de proposer des recommendations pour la gestion des forêts aménagées: optimisation du tracé des pistes forestières, agencement des zones non impactés, le tout afin de limiter les effets secondaires (chasse, fragmentation) de l'exploitation forestière. Les résultats d'écologie moléculaire auront également des applications directes pour la gestion de l'espèce: en plus de données sur le statut de la population, ils peuvent appuyer les flux d'animaux entre des zones intactes et des zones perturbées, appuyer également la nécessité de connexions entre zones intactes par la mise en évidence d'échanges…).